FICHE TECHNIQUE
Auteur : Joseph Kochmann
Éditions : Faralonn éditions
Genre : thriller, suspense, horreur…
Nombre de pages : 333 pages
Coût : 20,10€ (broché)
Date de publication : mai 2021
PITCH
Chaque chapitre de ce roman nous entraîne dans une histoire différente : si dans le prologue, les comédiens meurent après le spectacle et que le méchant roi Deaf déclare : « je déteste l’art », la première partie s’articule autour de Manon qui fait partie d’un réseau de résistance pour renverser le tyran, la seconde autour de Camille qui, reprenant le corps d’un personnage décédé, nous conte peines et tourments à la 1ère personne tandis que plus tard, Edward sera aux prises avec un livre dont on ne sort pas indemne…

MON AVIS
Relisant ce que je viens d’écrire, je trouve cela fort plat mais ne sais comment présenter ce roman d’une autre manière. Car ce sont vraiment les destins brouillés de Manon, Camille, Edward, Eric (l’amour de Manon) que nous croiserons et décroiserons tout à loisir, puisque certains personnages empruntent le corps de personnages décédés tout en restant parfois eux-mêmes parfois autres au gré de ces évolutions et transformations.
De plus le fait que certains personnages parlent à la première personne et que d’autres sont transcrits par un narrateur extérieur n’arrange pas la lisibilité de l’ensemble. Bien que le style soit relativement fluide, dans ses descriptions particulièrement. Et il faut aimer las dialogues car ils sont légion.
Quant aux passages un peu-beaucoup gore, ils me plaisent bien. C’est du grand Guignol assuré dans le plus pur type du vaudeville horrifique d’autrefois. Des ruisseaux d’hémoglobine et de la chair pantelante piquée par râteaux, fourchettes, couteaux, baguettes et autres crocs et serres d’animaux/oiseaux/reptiles/humains tous plus terrifiants et diaboliques les uns que les autres, ça me fait beaucoup rire !
Je me suis donc laissé porter par ce grand flux fort dégoûtant à certains moments, ridicule à d’autres, d’une imagination débridée et passionnante ailleurs, d’un mauvais goût assuré parfois. Dans un tourbillon qui me fait penser aux étranges circonvolutions des Romantiques. Un peu Byron qui aurait été à la même table que Milton ou qui aurait été possédé par les démons de d’Aubigné et les poisons de Guyotat (eh oui je brouille la chronologie) ! Vous voyez le délire ?
S’il faut résumer, je dirais que c’est un livre très jeune, puissant, mais encore dans l’adolescence. Hénaurme dans ce sens où tout se mélange et où les inspirations sont diversement digérées, pas vraiment rangées et étiquetées.
D’autant qu’on ne peut pas raconter de manière habituelle cet ouvrage qui s’apparente à une thérapie, à une autobiographie déguisée. Chaque personnage représentant un aspect, une situation, un moment de la vie de l’auteur qui, apparemment, a mal vécu une histoire d’amour. Les protagonistes le disent : nous sommes dans un livre. Nous sommes des personnages. Et l’auteur qui tient les rênes de tous ces bonshommes agite ses marionnettes dans un spectacle dont nous sommes les spectateurs.
Allusion est faite sans cesse à la littérature, au pouvoir de l’art, au théâtre, aux pièces représentées et jouées et mal reçues et applaudies jusqu’à ce que réalité et fiction s’interpénètrent, jusqu’à ce qu’on ne sache plus qui est qui. D’autant que les personnages des deux opus précédents reviennent (Blind et Mute qu’il serait trop long de résumer ici). Et leur apparition ajoute une couche de fiction supplémentaire, surtout lorsqu’on apprend que Deaf a été conçu à partir de « ramassis d’émotions » exploités dans Le cœur mort (le livre d’Edward), mais surtout restés à l’état d’ébauches.
Maintenant que tous les personnages sont revenus sur scène et qu’ils peuvent se tenir par la main, le rideau s’abaisse.
FIN.
