Telliamed ? Connais pas ! Et pour cause, on ne trouvait l’ouvrage qu’en occasion, et encore au compte-gouttes. Personnellement, je l’avais trouvé dans une vieille édition publiée chez Fayard en 1984. Tout ponctué de taches de rouille le pauvre bouquin dont le titre entier est Telliamed ou entretiens d’un philosophe indien avec un missionnaire français (dans la nouvelle édition il est même rajouté : sur la diminution de la mer).

L’auteur en est Benoît de Maillet, « gentilhomme de Lorraine » comme l’indique l’Abbé le Mascrier qui se chargea de la correction et de l’édition de ce curieux traité seulement en 1755 bien après la mort de l’auteur.

Né en 1656 (ou 1659 ?) à Bar le Duc (Meuse), Benoît de Maillet fut nommé en 1692 au Consulat général de l’Égypte où il resta 16 ans et demi. Il écrivit d’ailleurs des Mémoires d’Egypte bien intéressantes avec plein d’anecdotes succulentes (celle où il reste coincé dans un couloir étroit d’une pyramide étant la meilleure). Et, à ses heures perdues, il concocta ce Telliamed (anagramme de Maillet) où il compile des faits, des découvertes « archéologiques », des lettres de divers correspondants… pour exposer ses idées sur la formation et l’histoire de la Terre, sur l’origine et le devenir des êtres vivants et surtout ceux de l’Homme. Bien entendu, les idées les plus en avance (on a dit que Maillet était un prédécesseur de Lamarck et de Darwin, assertions qu’il faut relativiser) sont émises par le philosophe indien alors que le missionnaire français doute et réplique. Sous cette ruse, Maillet pouvait énoncer des vues avant-gardistes : dire au 18ème que l’âge de la Terre est de plus de deux milliards d’années, ce n’est pas mal du tout !

Et ça se lit sans problème, l’ouvrage étant bourré d’histoires de sirènes, d’hommes à écailles, de géants, de navires échoués en pleine montagne, de coquillages ramassés sur les sommets…

Bref, une excellente initiative de la part des Éditions Jérôme Million que de rééditer ce Telliamed, qui plus est dans une édition établie, présentée et annotée par Claudine Cohen, historienne des sciences (qui avait déjà écrit un article sur Maillet en 1991).

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