FICHE TECHNIQUE

Auteur : Florent Maerten
Éditions : auto-publication
Genre : dystopie, science-fiction, post-apocalyptique
Nombre de pages : 238
Coût : 11,98€ (broché)
Date de publication : février 2022

PITCH

Hivernation relate l’aventure post-apocalyptique de Piotr Petrov, le lieutenant russe ayant déclenché la Troisième Guerre Mondiale, ainsi que la survie de Stan et Jessie. Deux récits, deux symphonies, deux caractères dans les travers de l’Humanité…

Comment leurs émotions et motivations s’orchestreront-elles au fil de ce périple, entre les anciennes rencontres et nouveaux enjeux ?

L’AVIS DE MISIA

On va être honnête tout de suite. J’avais lu le tome 1 : Autombe et je l’avais trouvé génial, bourré de références, d’ingéniosité, de délire… Un grand bouquin. Et je me suis précipitée sur le tome 2 : Hivernation avec un enthousiasme débordant. Et une certitude : ça ne pouvait être qu’aussi réussi…

Est-ce parce que j’attendais trop de ce deuxième tome ? Je ne sais pas… Mais je suis un tout petit peu déçue. Et je vais tenter d’en trouver les raisons.

D’autant que tout démarre fort bien. Après un bref résumé bienvenu, nous retrouvons Stanislas, notre « je » du premier tome et sa « fille » Jessie dans leur petite guitoune du Sud. Refuge qu’ils vont être obligés de quitter très vite et sans leur demander leur avis puisqu’ils sont enlevés, emmenés prisonniers, libérés, à nouveau fugitifs etc… Quant à  Piotr, le soldat cafouilleux de l’armée soviétique qui a déclenché la guerre nucléaire, il émerge de son bunker et décide de retrouver sa femme, Milena, qui a peut-être survécu au désastre. Tout le livre sera donc basé sur ces voyages parallèles, les déplacements de Piotr étant doublés par ceux du narrateur et de la petite fille.

Et ça c’est très intéressant et bougrement bien fait. À Pior qui monte dans un train et fonce à travers la Russie répond les deux autres personnages qui empruntent aussi le même moyen de locomotion. À l’hélicoptère qui canarde Piotr répond celui qui sauve de justesse les deux autres. À la moquette de la taïga correspond la moquette d’un hôtel de luxe etc.. Les deux cheminements sont mirrorés dans le même sens ou en sens inverse. Pour se retrouver sur le même aiguillage en presque fin de roman.

Pareil pour les personnages féminins : au personnage de Milena que retrouve Piotr dans un rêve cauchemardesque du plus bel effet répond le personnage de Claire, ex-institutrice de Jessie, qui se mariera à Stanislas (et l’on retrouve la tiare, les colombes… dans ce double mariage). À la disparition de Milena, la disparition de Claire…

Ces deux voies, ces deux errances volontaires ou non étant mises en valeur par un style toujours aussi dense, aussi puissant. Moins de jeux de mots, mais davantage, me semble-t-il, de termes inventés ou vieillots qui trouvent tout naturellement leur place dans ces phrases charnues et colorées.

Avec, comme dans le premier, de petits clins d’œil à des mythes, à la philosophie. Et des jaillissements de terrible beauté. Un seul exemple : à Stanislas qui s’interroge : « Pourquoi ai-je autant de sang sur les mains ? », Claire répond : « parce que ton cœur saigne. ». Magnifique répartie.

Alors où, quand, pourquoi, ai-je coincé ? À vrai dire je me suis sentie mal à l’aise sur trois points. Le premier étant la gestion de l’espace. Autant j’avais apprécié, dans le premier tome, que l’action soit concentrée, voire réduite, à des lieux étroits, très proches les uns des autres, ramassés sur eux-mêmes, fermés, obscurs, autant ici je trouve que l’action se délaye dans un espace immense (la planète Mars est même évoquée), où trains, avions, bateaux etc… sont utilisés, abandonnés, repris. Je crois comprendre l’intention de l’auteur qui, après avoir resserré au maximum son histoire, veut l’ouvrir et lui donner des dimensions spatiales hors normes. Mais je me suis paumée et mon attention s’est elle aussi dilatée.

Le deuxième point est moins facile à exprimer. J’adore quand les personnages parlent à des tableaux qui leur répondent, à des armes qui portent des prénoms et deviennent aussi des personnages. Quand les cauchemars et rêves font dérailler la réalité et que les personnages titubent à la frontière du vrai et du faux. Je n’aime pas du tout quand on me le démontre. Quand Piotr subit une décollation en rêve, pour moi il a vraiment perdu la tête. Quand Claire « meurt » dans un piège, pour moi elle a vraiment été piégée. Et ces deux faits sont aussi réels que de manger ou d’aller se baigner. Avec l’imagination qu’a l’auteur, il est dommage qu’il ne continue pas à surfer sur ces voies parallèles qui doublent les autres et ajoutent un contenu autrement plus dramatique. En fait, à la question d’un des persos : « Comment distinguer le cauchemar de la vie réelle ? », j’ai envie que l’autre lui réponde : « en ne faisant justement aucune différence ».

J’avoue enfin que des facilités dans la trame m’ont un peu gênée : le personnage de Jules qui revient mourir juste à point, la fausse mort de Stanislas etc… des petits trucs moins crédibles que dans le premier. Mais bon, je « broutille », je « broutille » !!

Ces trois points mis à part, purement subjectifs par-dessus le marché, Hivernation mérite d’être lu et apprécié. Et l’auteur d’être soutenu et suivi dans son inspiration.  

Merci à l’auteur pour sa confiance et ce service presse via @simplementpro.